du Rosier Blanc

du Rosier Blanc Bichon Frise

Bichon Frise

A TOUS LES HUMAINS

 


 



 


 


AU FOND D'UN VIEUX REFUGE




Au fond d’un vieux refuge...
Au fond d’un vieux refuge, dans une niche en bois,
Depuis deux ans, je purge d’avoir trop cru en toi.
Tous les jours je t’attends, certain que tu viendras,
Tous les soirs je m’endors, sans que tu ne sois là.

Pourtant, je suis certain, je te reconnaîtrai.
Viens me tendre la main, je te la lècherai.
Tu te souviens très bien, quand je sautais sur toi,

Que tu me caressais, que je dansais de joie.

Que s’est il donc passé pour que ce 16 juin,
Heureux que tu étais, je me le rappelle bien,
Tu sifflais, tu chantais, en bouclant les valises,
Que tu m'aies attaché, là, devant cette église.

Je ne peux pas comprendre, et je ne croirai jamais
Que toi, qui fus si tendre, tu sois devenu aussi mauvais,
Peut être es-tu très loin, dans un autre pays,

Mais quand tu reviendras moi j’aurai trop vieilli.

Ton absence me pèse, et les jours sont si longs,
Mon corps s’épuise, et mon cœur se morfond,
Je n’ai plus de goût à rien, et je deviens si laid,
Que personne jamais ne voudra m’adopter.

Mais moi je ne veux pas que l’on me trouve un maître,
Je montre bien mes dents, et je prends un air traître,
Envers qui veut me prendre, ou bien me caresser,
Pour toutes illusions enfin leur enlever.

Car c’est toi que j’attends, prêt à te pardonner,
A te combler de joie, du mieux que je pourrai,
Et je suis sûr, tu vois, qu’ensemble nous saurions
Vivre des jours heureux, en réconciliation.

Pour cela, je suis prêt à faire de gros efforts,
A rester près de toi, veiller quand tu dors,
Et à me contenter, même si j’ai très faim,
D’un vulgaire petit os et d’un morceau de pain.

Je n’ai jamais rien dit, lorsque tu m’as frappé,
Sans aucune raison, quand tu étais énervé,
Tu avais tous les droits, j’étais à ton service,
Je t’aimais sans compter, j’acceptais tous tes sévices.

Tu m’as mis la chaîne, où tu m’as enfermé,
Tu m’as laissé des jours, sans boire ni manger
J’ai dormi bien souvent, dans la niche sans toit,

Paralysé, raidi, tellement j’avais froid.

Pourtant si tu reviens, nous partirons ensemble,
Nous franchirons en chœur , la porte qui ressemble
A celle d’une prison que je ne veux plus voir,

Et dans laquelle, hélas, j’ai broyé tant de noir.

Voilà, mon rêve se termine, car je vois le gardien,
Puis l’infirmière, et le vétérinaire plus loin.
Ils entrent dans l’enclos, et leurs visages blêmes,
En disent long pour nous, sur ce qu’ils nous amènent.

Je suis heureux, car tu vois dans quelques instants,
Je vais tout oublier, et, comme il y a deux ans,
Je m’endormirai sur toi, mon cher et grand ami,
Je dormirai toujours grâce à l’euthanasie.

Et s’il t'arrive un jour de penser à moi,
Ne verse pas de larmes, ne te prends pas d’émoi,
Pour toi, je n’étais qu’un chien, tu préférais la mer,
Tu l’aurais su avant, j’aurais payé moins cher.

A vous tous les humains, j’adresse une prière,
Me tuer tout petit aurait peiné ma mère,
Mais il eût mieux valu, pour moi,
cette manière,
Et vous n’auriez pas eu, aujourd’hui, à le faire.

Texte de Gilbert Dumas